-Typologie des réseaux sociaux

1. Web 2.0 et medias sociaux

Définition :

Le terme « social network » fut inventé en 1954 par Barnes, représentant de l’école de Manchester en anthropologie, lorsqu’il s’est intéressé aux propriétés du système social de l’île de Bremnes en Norvège. Par dérivation, « social network » désigne les différentes activités informatique qui intègrent la technologie, l’interaction sociale, et la création de contenu. Selon Frederic Cavazza, un consultant indépendant en web service, l’expression « médias sociaux » recouvre un ensemble de services numériques permettant de « développer des conversations et des interactions sociales en situation de mobilité ».

En effet le web 2.0 modifie le rapport des internautes à la gestion de l’information :

  • les sites web de première génération étaient uniquement conçus pour diffuser une information contrôlée ;
  • la deuxième génération du web permet la mise en réseau d’informations hétérogènes dans le but de créer de l’intelligence collective.

Les médias sociaux sont issus d’un nouveau modèle économique destiné à pallier les effets de l’éclatement de la bulle internet des années 2000.

Le modèle économique : la boucle de valeur :

La constitution de « social network » vise à créer une boucle de valeur autour d’un écosystème qui agrège les tenants et aboutissants des éléments de la chaîne de l’information : Amazon développe par exemple l’aspect réseau social de son site web par le biais de recommandations de lectures par les lecteurs eux-même ; la firme étend son emprise en amont par l’édition de contenus et la numérisation de livres existants, puis en aval par la promotion du livre électronique et de sa liseuse Kindle.

D’autres média sociaux créent une boucle de valeur autour de ce qui fait leur véritable richesse : leurs membres et les informations issues de l’analyse de leur activité sur le réseau.

  • Ces nouveaux médias aident les internautes à créer gratuitement des produits (par ex. la mise à disposition de vidéos sur YouTube)
  • Ces créations individuelles sont autant de sources de profits potentielles car elles sont accompagnées d’espaces publicitaires vendus à des annonceurs ;
  • Les plateformes sociales collectent d’énormes masses d’information sur les habitudes et les goûts des internautes, puis hébergent les données dans de véritables « paradis numériques » qui échappent à toute réglementation nationale ; ces données sont ensuite vendues à des régies publicitaires ou directement à des sociétés commerciales (par ex. DIIGO, gestionnaire de signets en ligne, tente de constituer des communautés d’intérêt entre internautes de manière à pouvoir ensuite vendre l’information les concernant).

L’émergence  des agrégateurs de réseaux :

La concurrence des opérateurs du marché se déporte maintenant sur la capacité à proposer des connecteurs permettant l’interopérabilité des réseaux entre eux.

Les plateformes sociales comme Facebook ou Google deviennent des agrégateurs de réseaux :

  • Facebook connect permet d’entrer dans un réseau thématique de manière plus simple, en ayant un profil connectable sur d’autres plateforme comme Netvibes. Ce moyen permet par exemple à Facebook de récolter des informations concernant les habitudes de l’internaute sur Netvibes et de les commercialiser ensuite.

2. Typologie du web social

Le réseau d’amis :

Le plus connu est Facebook, dont le nom s’inspire des trombinoscopes d’étudiants.

  • un profil Facebook est une interface privée proposée par une personne, qui va entrer en contact avec d’autres individus, le plus souvent déjà rencontrés physiquement, pour interagir sur des activités communes. Plus de 50 % des titulaires de compte Facebook sont des 25-45 ans. L’enjeu est de fidéliser les utilisateurs (moyenne de 55 minutes par jour).
  • Une page Facebook peut avoir un caractère plus institutionnelle ; elle est alors supportée par des fans : le « Bouillon de Bibliobsession » est par exemple supporté par 700 fans. La page Facebook peut aussi servir à présenter les horaires de la bibliothèque, les nouvelles acquisitions.

Les communautés d’intérêts :

  • Peuplade : après géolocatisation depuis l’adresse physique de l’inscrit, le service le met en relation avec d’autres personnes partageant des centres d’intérêt similaires à proximité de son domicile. Ce service peut être utile pour mettre en place des manifestations culturelles liées à la bibliothèque.
  • Manolosanctis : site d’édition communautaire de BD qui permet au lecteur de commenter les œuvres après lecture gratuite et de participer à la ligne éditoriale.
  • http://www.librarything.com/ : projet de mise à disposition de catalogue de bibliothèques personnelles dans un ensemble interconnecté.

Les réseaux multimédia :

Flickr, créé par Yahoo, est basé sur le modèle du « freenium » : il est gratuit pour les 200 premières photos mais payant pour la suite.

  • Les photos sont taggées par les utilisateurs à la volée ; les tags sont faits pour faciliter « l’effet de rebond » : la possibilité de surfer sur des thèmes ;
  • Filckr offre un outil en ligne, XMGimage, qui permet de retoucher les images directement.

Youtube / Dailymotion : ces réseaux capitalisent leur influence sur les « proam » amateurs professionnels qui créent ou remix des vidéos et les diffusent en ligne.

  • Dailymotion achète les vidéos amateurs de qualité qu’il diffuse dans un environnement publicitaire ciblé ;
  • Le Collège de France met en ligne ses cours par le biais d’un partenariat commercial avec Dailymotion, externalisant ainsi à moindre coût l’hébergement de ses podcasts

Les réseaux de diffusion de l’information :

Ils permettent la mise en commun de signets et/ou de flux RSS.

  • Pageflakes aux USA et Netvibes en France sont des agrégateurs RSS en ligne;
  • DIIGO, gestionnaire de signets en ligne, mise sur la création de communauté d’intérêt, regroupant des taggeurs qui s’intéressent à des sujets similaires.

Les outils collaboratifs en ligne :

Bureautique en ligne : possibilité d’avoir un environnement total gratuitement et externalisé

  • L’ESC de Lille utilise GoogleApp Education renommé pour l’occasion Skema solution de traitement de texte, de tableur et d’agenda partagé permettant à l’institution  d’économiser les frais de licences et de maintenance.

Stockage synchronisé : permet de synchroniser les documents sur le PC avec un espace en ligne.

  • Dropbox est un service gratuit pour les utilisateurs individuels jusqu’à 1giga.

Bureau virtuel : D’après Gartner, le marché mondial des bureaux virtuels (Hosted Virtual Desktop) devrait passer à la vitesse supérieure d’ici à 2013 pour atteindre 49 millions d’unités à cette date et peser 65,7 milliards de dollars.

  • L’OS est mis en ligne ! Mybooo permet de recréer un environnement graphique de bureau visualisable depuis n’importe quel poste informatique.

Les « Mash-up » :

Ces outils typiques du web 2.0 font appel à une technologie permettant la combinaison d’informations sur une application composite :

  • le principe d’un « mashup » est donc d’agréger du contenu provenant d’autres sites pour le mettre sur un nouveau. Ainsi, un site Internet peut créer à sa guise son propre mashup à partir d’une application existante.GoogleMap est ainsi souvent réutilisé pour géolocaliser des magasins, des enseignes ou des services : Trivop.com combine des cartes GoogleMaps et des avis sur les hôtels issus du réseau social TripAdvisor.

3. Comment positionner les bibliothèques sur le web social ?

Le repositionnement des bibliothèques va s’accélérer avec la généralisation de l’édition numérique et l’émergence de nouveaux intermédiaires, voir de nouveaux métiers tels que celui de distributeur numérique.

  • un site comme Epagine permet à tout libraire de vendre en magasin et sur Internet l’ensemble de l’offre numérique des éditeurs. L’internaute choisit une librairie au moment de la création de son compte. Lorsqu’il achète des livres, c’est la librairie choisie qui reçoit le paiement.

Dès lors, les frontières entre web social, documentaire ou d’information vont devenir plus floues, notamment concernant la recommandation (par des experts ou non), la mise à disposition d’informations sur des plateformes hybrides, ou  le partage de connaissance sur des ressources web (social bookmarking)…