Serious games en bilbiothèque

Aujourd’hui s’est tenu à l’Enssib une journée d’étude (tweetdoc ici) particulièrement intéressante consacrée à la rencontre de deux mondes encore assez éloignés, tout du moins en France, les jeux sérieux et les bibliothèques. Un jeu vidéo dit sérieux a une autre finalité que la récréation. Il permet  un apprentissage alternatif et visuel, d’objectifs communicationnels, pédagogiques, informatifs.

Quels sont les processus cognitifs à l’œuvre chez le joueur de serious games ? 

Eric SANCHEZ maître de conférences en Didactique des sciences et TICE à l’Institut français de l’Education de l’Ecole normale supérieure de Lyon les a brillamment explicité

Le serious game place le joueur en situation d’apprentissage et l’oblige à se créer une épistémologie personnelle. Cette position n’est pas valable pour tout les étudiants : certains apprennent plus rapidement par la lecture… mais le jeu permet d’évaluer à tout moment la manière de penser et d’agir par une forme d’apprentissage caractérisée selon Piaget par l’adaptation a des situations nouvelles. Le rôle du médiateur, s’il est enseignant ou bibliothécaire animateur sera de mettre à distance le joueur par rapport aux situations rencontrées de manière à ce que l’apprentissage soit formalisé.

Typologie des serious games :

 Yasmine KASBI, auteur du blog seriousgames.be et de l’ouvrage Les Serious Games : une révolution classe les serious game suivant leur maniabilité, leur sujet, leur forme. Ils seront donc qualifiés de :

  • antiwargames
  • businessgames (sensibilisation à la création de commerce en Afrique, valorisation du métier de facteur dans un jeu produit par La poste en direction des adolescents)
  • Edumarket
  • greengames (sensibilisation à l’environnement)
  • newsgames (le joueur se place dans la peau d’un journaliste)
  • politicalgames (Envers et contre tout permet de se mettre dans la peau d’un réfugié politique)
  • Edugames : eductaiment (éducation  par jeu vidéo sur droit à l’image)
  • learning games : jeu éducatif (ex : Construit ta cité médiévale)

Pourquoi (diable !) des serious games en bibliothèque ?

Selon Thierry ROBERT, bibliothécaire des bibliothèques publiques de Montréal et créateur du site Ludicite.ca, l’espace de la bibliothèque est un lieu idéal pour avoir accès à de multiples serious games, qui constituent au même titre que les livres une ressource documentaire. Dans le cadre d’une animation, il est aussi possible de créer une communauté autour d’un jeu précis à l’intérieur de la bibliothèque.

Plus encore, le service des bibliothèques de la ville de Montréal avait développé son propre serious games dans le cadre du programme Bibliothèque à la rescousse, permettant aux jeunes du primaire de découvrir les ressources documentaires dans le cadre d’ateliers. Devant le succès rencontré, un second jeu est est production, doté d’un budget de plusieurs centaines d’euros. s’appelle Escouade B, et permet l’évaluation de l’information sur internet. Le groupe comprend un programmateur et 4 bibliothécaires pour les ressources pédagogiques ; il s’agit d’un jeu en 2D et en flash disponible dès 2013 en Créatives commons.

Escouade B met en scène un avater personnalisable, qui se promène dans les couloir du métro en s’arrêtant dans des stations constituant autant d’étapes : évaluation d’un site web ; constitution d’une adresse mail. A chaque bonne réponse, le joueur reçoit un supplément d’âme ou bien des objets (par exemple une lampe de poche) permettant d’explorer d’autres niveaux du métro, des rames fermées. Le personnage doit vaincre certaine adversaire de l’information, comme l’affreuse  Mekanouille.

Julien DEVRIENDT, coordinateur des EPN et responsable multimédia de la médiathèque des Ulis utilise les serious games comme un comme outil de création : le site gamesalad.com, permet d’apprendre à programmer à minima dans le cadre d’atelier en médiathèque. Les participants doivent manipuler le code source (déplaçable par bloc) et compiler. Ainsi un groupe d’adolescents a réfléchi sur la thématique féminin/masculin dans la représentation stéréotypée ( et oui, une femme comme Lara Croft par exemple peut être plus forte qu’un homme !). Love Quest est un jeu sur le thème de l’amour, développé pour la médiathèque des Ulis et téléchargeable sur GooglePlay . En 2012, Julien DEVRIENDT a organisé une chasse au  Nabaztag Tag : un lapin au nombril électronique capable de renifler des puces RFID et d’interagir avec une tablette numérique ou des livres imprimés. L’animateur multimédia utilise aussi Legomindstorm un outil d’apprentissage à la robotique sous forme de legos.

Preuve que le serious game porte vraiment bien son nom…

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