Constituer une collection numérique, quels enjeux et perspectives ?

La journée d’étude sur les collections numériques qui a eu lieu le 7 octobre 2011 à Médiadix a été l’occasion de mieux cerner les problématiques liées à la constitution de collection de documents numérique (revues et monographies). Voici le compte rendu de quelques interventions.

Exemple d’une politique d’acquisition de masse : les achats de documents numériques au département sciences et techniques par Hervé Colinmaire (BnF)

Le département Sciences de la BNF comporte quelques caractéristiques spécifiques : de nombreux Pôle associés, une majorité des collections composée de périodiques, une concentration d’usage distants par les chercheurs. A l’aube du XXIème siècle, il s’agissait donc de définir un projet documentaire permettant de sortir des murs de la BNF autour de trois axes :

  • Valoriser les collections de monographies par l’acquisition de livres numériques achetés dans le cadre des collections d’éditeur ; les achats se sont faits par grands ensembles, sans achat au titre et sans comparaison avec les acquisitions papier. La seule exception pourrait concerner l’histoire des sciences et l’épistémologie, pour lesquels les ouvrages sont acquis dan le cadre d’un politique d’acquisition d’imprimés avec une forte diversité linguistique. Pour les grands éditeurs scientifiques, le picking est prohibé au profit de l’achat par millésime, en doublonnant jusqu’en 2011, puis dans le cadre d’une politique de non redondance à partir de 2012..
  • Cette logique des grands ensembles vise à favoriser la complémentarité avec les pôles associés : la BNF achètera une collection en chimie sous forme papier si le CADIST de Lyon le lui demande.
  • Les grands ensembles sont acquis sous forme pérenne. A contrario, Mais certaines collections de périodiques sont consultable uniquement sous forme de licence de consultation pour une communauté de lecteur accrédité sur site ou à distance.

La BNF peut devenir un acteur important de l’aménagement du territoire documentaire numérique. Dans l’avenir, elle pourrait être un opérateur pour la fourniture d’accès à un public plus large que celui des chercheurs.

 

La constitution des collections numériques à la BPI par Chantal Sibille

La documentation numérique est gérée par chaque service de la BPI (Département des imprimés et documents électroniques, de l’audiovisuel, etc).

La prise en compte de la documentation électronique n’est pas homogène : chaque chargé de collections acquiert sous forme papier ou électronique de manière indépendante, souvent en fonction de son expérience professionnelle antérieur. Le DIE gère par exemple 122 ressources payantes, 95 cdrom, 2300 sites gratuit.

La BPI a toujours suivit l’évolution de l’offre en manière de documentation électronique : depuis les BDD biographiques, les méthodes de langues, les documentaires, jusqu’aux bases de données en texte intégral.

Les ressources (encyclopédies, documents de référence, multimédia, presse) sont acquises en conservant une bonne complémentarité des sources et des supports.

Depuis quelques années, la consultation sur place des ressources est désectorisée : un utilisateur assis au RDC peut consulter une base de donnée en sciences.

Les collections numériques répondent au même critère de gestion que les collections papier : maîtrise de la volumétrie par le désherbage, prima de la nouveauté. L’annuaire des sites est ainsi régulièrement désherbé.

Les ressources payantes répondent à des critères de sélection, en terme de contenu (domaines et dates couvertes), de valeur ajoutée des services offerts (ergonomie de l’accès, services associés).

Des modèles économiques sont privilégiés :

  • Accès illimité
  • Option d’achat sans DRM
  • Possibilité d’acquérir au titre ou à la collection

Les principe de sélection des sites web répondent aux critères suivants :

  • Responsabilité éditoriale
  • Richesse et stabilité des contenus
  • Complémentarité avec l’offre documentaire
  • Lien avec l’action culturelle

Le signalement des documents numériques se fait par le catalogue, la BPI n’ayant pas acheté ATOZ. Seules les bases sont donc signalées. Il n’y a pas de catalogage des ressources profondes.

La BPI a donc installé sur son site un moteur de recherche fédéré, qui ne permet pas pour l’instant de travailler sur la granularité des résultats, en pondérant par exemple la recherche par la valorisation des ressources de références.

La valorisation des collections numériques passe par la création d’économiseur d’écrans dédiés, par le signalement des ressources lors d’ateliers de conversation  d’apprentissage de langues étrangères…

 

Le consortium Couperin ou l’ambition d’une politique d’acquisition nationale par Jérôme Kalfon (SCD de l’université de Paris 5)

Le modèle économique de l’édition électronique est fondé sur celui de l’édition papier : il n’est donc pas adapté aux nouveaux usages du livre électronique. Les éditeurs ont une position monopolistique. Le consortium peut aider à la réduction des coûts par l’acquisition de licences nationales, par la négociation des prix lors de l’achat rétrospectif de collection, par la mutualisation du coût de la négociation pour les petites unités documentaire qui de plus ne constituent pas un marché suffisant par les opérateurs en situation de monopole.

La licence nationale constitue une bonne alternative économique pour réduire le coût des abonnements. Mais attention, le terme national est trompeur : la licence peut concerner un bassin de population, une communauté de chercheurs. Piloté par Couperin, Istex vise par exemple à mettre en place un programme d’achat de ressources scientifiques électroniques en licence nationale pour tous les projets Idex.

Ces communautés doivent être définies par les bibliothèques elle-même le cosorsium CAREL va se constituer sous forme d’association sur le modèle des statuts de Couperin pour offrir un annuaire de lecteurs permettant d’entrer dans le cadre des licences nationales.

Autre point, les licences nationales doivent permettre la consultation rétrospective des collections d’ebook ou de périodiques, ainsi que l’archivage des données…

Enfin, les professionnels des bibliothèques devrait travailler sur un outil collaboratif permettant un meilleur signalement des ressources numériques accessibles dans chaque établissement.

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